Explication des droits linguistiques

Chaque Nunavummiuq a le droit d’utiliser et de recevoir des services dans la langue de son choix, c’est-à-dire en langue inuktitute (inuktitut ou inuinnaqtun), en anglais ou en français.

Ces droits sont protégés par deux lois territoriales clés : la Loi sur les langues officielles (LLO) et la Loi sur la protection de la langue inuite (LPLI).

En vertu de ces lois :

  • La Loi sur les langues officielles garantit aux Nunavummiut le droit de communiquer avec le gouvernement du Nunavut et ses organismes publics et de recevoir des services de leur part dans l’une des trois langues officielles.
  • La Loi sur la protection de la langue inuite va plus loin en garantissant la protection, la promotion et le développement de la langue inuktitute (inuktitut et inuinnaqtun) en tant que langue vivante dans tous les aspects de la vie, de l’éducation aux soins de santé, en passant par l’administration publique et les services communautaires.

Ces lois font du Nunavut un endroit unique au Canada, car c’est la seule province où une langue autochtone a un statut officiel égal à celui de l’anglais et du français.
Elles témoignent de l’engagement du territoire en matière d’égalité linguistique, de conservation de la culture et d’accessibilité aux services publics.


LE PAYSAGE LINGUISTIQUE DU NUNAVUT

LA LANGUE INUITE

La langue inuite, officiellement appelée langue inuktitute, comprend à la fois l’inuktitut et l’inuinnaqtun . Ensemble, ces langues constituent le fondement de l’identité linguistique et culturelle du Nunavut.
Bien que la langue inuktitute demeure l’une des langues autochtones les plus parlées au Canada, les données issues des recensement effectués en 2006, 2016 et 2021 signalent un déclin graduel mais constant de son utilisation comme langue maternelle, bien que la capacité à parler cette langue reste relativement stable.

En 2006, environ 83 % des habitants du Nunavut déclaraient que la langue inuktitute était leur langue maternelle. Dix ans plus tard, en 2016, cette proportion était tombée à 65,3 %, puis à 62,7 % en 2021.
Cela signifie que, si la plupart des Nunavummiut comprennent et parlent encore la langue, ils sont moins nombreux à l’apprendre comme première langue à la maison. Ce déclin est lié à plusieurs facteurs, dont l’influence de l’anglais dans l’enseignement et la vie publique, la migration entre les régions et la jeunesse de la population. En effet, l’âge médian au Nunavut est de 26,8 ans, alors qu’il est de presque 40 ans au Canada en général.

Malgré ce déclin, la langue inuktitute demeure une langue vivante et quotidienne dans la plupart des collectivités du territoire, servant de pont entre les générations et de symbole de résilience culturelle.

L’inuktitut

L’inuktitut continue d’être la langue inuite la plus parlée au Nunavut.
En 2006, plus de 31 000 Nunavummiut, soit environ 83 % de la population, déclaraient que l’inuktitut était leur langue maternelle.
En 2021, le nombre de locuteurs ayant l’inuktitut comme langue maternelle était tombé à environ 22 600, soit 52 % des résidents du Nunavut.

L’inuktitut est dominant dans les régions de Qikiqtaaluk (Baffin) et de Kivalliq, où il demeure la langue principalement utilisée dans la vie quotidienne, notamment dans les foyers, les écoles, les lieux de travail, les administrations locales et les médias.
Différents programmes actuellement en cours dans les domaines de l’éducation, les formations fournies aux enseignants et la traduction continuent de renforcer la présence de l’inuktitut et contribuent à garantir sa place en tant que langue à la fois traditionnelle et moderne.

L’inuinnaqtun

L’inuinnaqtun est parlé principalement dans la région de Kitikmeot, particulièrement à Kugluktuk et à Cambridge Bay (Iqaluktuuttiaq).
Il représente une part plus petite mais essentielle du patrimoine linguistique inuit.
En 2006, environ 590 Nunavummiut déclaraient parler l’inuinnaqtun à la maison.
En 2016, ce nombre était tombé à 390, puis à environ 235 locuteurs en 2021.

Bien que l’inuinnaqtun soit confronté à des défis importants en matière de transmission intergénérationnelle, il demeure un symbole de force et de fierté culturelle.
Des programmes communautaires, des initiatives de mentorat, des outils d’apprentissage numérique et des camps intergénérationnels ont été mis en place pour revitaliser l’inuinnaqtun et garantir son emploi en tant que langue vivante pour les générations futures.
Contrairement à l’inuktitut, l’inuinnaqtun utilise l’alphabet latin et ses locuteurs mènent des efforts de revitalisation novateurs au moyen de la communication narrative, de l’éducation et de rassemblements communautaires.

Revitalisation et protection de la langue

L’inuktitut et l’inuinnaqtun sont tous deux protégés par la Loi sur les langues officielles (LLO) et par la Loi sur la protection de la langue inuite (LPLI) du Nunavut.
Ces lois garantissent aux Nunavummiut le droit de recevoir les services publics, l’éducation et les communications émanant du gouvernement dans la langue inuite.

Elles exigent également que les institutions territoriales, les municipalités et certains organismes privés offrent activement des services en langue inuktitut.
La collaboration continue entre le gouvernement du Nunavut, les organisations inuites et les partenaires dans les collectivités permet à la langue inuktitut de rester une langue moderne, dynamique et unificatrice qui relie les Nunavummiut à leur identité, à leur patrimoine et à leur avenir.

Sources : Statistique canada, recensement de la population, 2006, 2016 et 2021.

ANGLAIS

L’anglais occupe une place centrale dans le paysage multilingue du Nunavut.
C’est la langue principale du gouvernement, de l’administration et de l’industrie, en particulier dans les centres régionaux comme Iqaluit, Rankin Inlet et Cambridge Bay.
Bien que la langue inuktitut demeure la première langue de nombreux Nunavummiut, l’anglais est souvent la deuxième langue apprise et parlée au quotidien, en particulier dans les lieux de travail, dans les écoles et dans les institutions publiques.

Au cours des quinze dernières années, l’utilisation de l’anglais n’a cessé d’augmenter.
Selon Statistique Canada, entre 2006 et 2021, la proportion de résidents du Nunavut déclarant que l’anglais était leur langue maternelle est passée de 10,0 % à 26,4 %, et plus de 90 % de la population déclare désormais pouvoir converser en anglais.
Cette croissance est en partie due à une mobilité accrue, à la migration vers le sud et à la présence généralisée des médias anglophones sur tout le territoire.

L’anglais est devenu la langue commune reliant les locuteurs de différentes langues maternelles au Nunavut, car il facilite la communication entre les régions, les professions et les cultures.
Cependant, sa prévalence montre également toute l’importance des initiatives en cours visant à protéger et promouvoir la langue inuite afin de maintenir un environnement linguistique équilibré.

FRANÇAIS

Le français a une longue et dynamique histoire au Nunavut, en particulier dans la capitale, Iqaluit, qui accueille une communauté francophone florissante.
Le français est l’une des trois langues officielles du Nunavut et sa présence est protégée par la Loi sur les langues officielles.

Selon les données du recensement, le nombre de résidents du Nunavut indiquant que le français est leur langue maternelle a augmenté modestement au fil du temps, passant d’environ 420 personnes en 2006 à environ 495 en 2021.
En parallèle, plus de 1 200 résidents ont indiqué savoir parler le français, ce qui montre que le bilinguisme continue de prospérer sur le territoire.

La communauté francophone d’Iqaluit joue un rôle actif dans la vie culturelle et sociale du Nunavut.
Elle est desservie par l’École des Trois-Soleils, une école publique de langue française relevant de la Commission scolaire francophone du Nunavut, par une garderie francophone, par une station radio communautaire (CFRT 107.3 ​​FM) et par un centre culturel qui organise toute l’année des activités favorisant les échanges linguistiques et culturels.

Le français est également très utilisé dans les services publics, l’éducation et les programmes artistiques, notamment grâce à de solides partenariats avec le gouvernement du Nunavut, Patrimoine canadien et des organismes francophones nationaux.

Cette présence dynamique fait du français une partie essentielle de l’identité multilingue du Nunavut, une langue à la fois d’identité communautaire et de connexion, une langue qui contribue à renforcer les liens culturels dans le Nord canadien.

POURQUOI LES DROITS LINGUISTIQUES SONT-ILS IMPORTANTS?

La langue est plus qu’un outil de communication : C’est l’expression de l’identité, de la culture et de l’appartenance.
En protégeant les droits linguistiques, le Nunavut veille à ce que chaque personne puisse vivre, apprendre et participer pleinement dans la langue à laquelle elle s’identifie, ce qui favorise l’inclusion et le respect de la diversité.

Le Bureau du commissaire aux langues du Nunavut œuvre au quotidien pour que ces droits fassent partie de la réalité en informant, en conseillant, en surveillant et en enquêtant pour garantir le respect de toutes les langues officielles sur tout le territoire.